La Taverne Fumante

Paysan Messages : 3 Date d'inscription : 20/02/2008

Le jeune femme sentit son cœur bien moins lourd. L’Elfe qu’elle venait de rencontrer s’intéressait à sa demande. Avant même qu’elle puisse répondre à sa question, une deuxième personne vint s’asseoir à la table. Sans même se présenter ni a elle, ni à Necomortis, il engagea la conversation. Ce geste lui paraissait bien malpoli, mais elle avait besoin de toute l’aide possible et décida de passer sur ce détail.

« Bonjour. Vous semblez déjà connaitre toute l’histoire…Vous écoutez les conversations des autres ? Ce n’est guère une attitude que je … »

Elle ravala de suite ses mots. Preuve de son profond désarroi, elle passa outre ses idéaux royales prônant la dignité, le respect et les manières qui étaient ancrés en elle depuis son enfance et finit sa phrase en disant :

« Oui, j’ai besoin de toute l’aide possible… »

Sinistraë se maudit pour son manque de tact. Il ne se rendit compte qu'après que sa bonne humeur l'avait porté trop vite. Quelle leçon que le regard de la grande prêtresse posé sur lui ! Il ravala un instant son orgueil, pour ne le faire ressurgir que plus grand et plus beau.

- Je m'excuse bien bas Madame. Je n'ai ni à écouter vos conversation, ni à venir m'assoire à votre table sans le demander auparavant et sans me présenter. Permetez-moi de me repentir. Je me nomme Sinistraë, voyageur ou aventurier selon les circonstances.

Il fit la plus profonde révérence que la position assise lui permit. Il avait bien sentit dans la réplique de celle qu'il avait en face de lui, qu'il n'avait pas plus par ses manières.

- Malgré mon manque de discretion, qui m'a fait traîner l'oreille pendant un instant, propice avouons-le, je suis ravi d'avoir entendu votre conversation, qui me permet ici de proposer mes services.

Il accorda un de ses sourires dont il était prodigues pour les femmes.

- Je suis ravi que vous acceptiez mon aide. Il serait utile, je pense, d'en savoir plus sur ce que comporte cette mission. Si vous voulez bien m'éclairer.

La prêtresse semblait soulagée de voir qu'un aventurier était intéressée par sa noble quête. Necomortis allait continuer d'engager la conversation lorsqu'un elfe à l'air sournois s'invita sans demander à leur table.

Necomortis le dévisagea et lui lança un regard à glacer le sang. Ses yeux brûlants d'un rouge vif. Il reconnu de suite Sinistrae, elfe insolent et puéril guidé par ses instincts primitifs de mâle.

"Je vous reconnais bien là Sinistrae. Dois-je préciser madame qu'en plus d'être un aventurier et un voyageur, cet être fait preuve d'un immense tact et excelle dans l'insolence. A votre place je partirais à la recherche du troubadour qui viens de quitter cette Taverne, il vous causera bien moins d'ennuis en chemin et pourra vous rendre votre sourire. Néanmoins je pense qu'il sera très utile pour vous d'employer ce voleur qui ne manque pas d'égo..."

Necomortis cru apercevoir un sourire ravi de la part de l'elfe mais Necomortis le calma aussitôt.

"Ne t'avise pas de tenter quoi que ce soit de fourbe où tu risque de le payer cher, très cher. Personne n'a rien à craindre de moi tant qu'il ne me cherche pas d'ennuis."

Necomortis pris ensuite une choppe d'hydromel pour se désaltérer et se tût, attendant la suite de la conversation entre les trois personnes.

Nylarad vit entre les feuilles qui se balançaient au vent les couleurs ternes des pierres qui recouvraient les murs extérieurs de la Taverne… Il avança alors entre les petits arbustes que l’on venait sans doute tout juste de tailler et qui laissaient pendre leur feuillage roussi par la récente sécheresse. La forte chaleur avait ainsi permise aux belles fleurs jaune citron et rouge fuchsia de s’épanouir dans toute leur splendeur…

Le jeune Troubadour en coupa plusieurs tiges. Il en fit un magnifique bouquet dont les pétales chaudement colorées tranchaient joliment avec la verdure foncée. Il songeait à la serveuse au regard pétillant… Les belles fleurs coupées seraient son présent… Il espérait ardemment qu’elle réponde positivement à ses avances…

C’est le cœur plein de palpitations amoureuses, qu’il gravit au pas de course les quelques marches menant à la porte d’entrée. S’arrêtant pour chasser les dernières images de l’Elfe arrogant, il respira à fond au travers du feuillage fleuri. Il en apprécia le mélange savoureux des parfums exotiques qu’elles dégageaient, espérant ainsi pouvoir retrouver son calme…

Puis lorsqu’il se sentit prêt à tout, il asséna aux planches mal équarries un coup de pied si généreux, que la porte rebondit plusieurs fois sur ses gongs en laissant échapper des cris de douleurs assourdissants….

Il fit par la même occasion une entrée remarquée… Cachant ses deux mains derrière son dos, il avançait timidement vers le fond de la salle, à la recherche de la belle jeune femme. Ses yeux hagards se promenaient entre les tables encore occupées, souhaitant vivement se poser sur les beaux atours de la jeune fille qu’il avait malencontreusement renversé avant de quitter les lieux…

Toisant le regard hautain de Sinistraë, il sentit la colère monter de nouveau en lui. Il laissa malgré lui son visage se contracter sous cette émotion puissante. Des plis se formèrent sur son front pourtant lisse d’une jeunesse pourtant bien réelle. Les muscles de sa mâchoire carrée se crispèrent rapidement. La peau de ses joues laissa apparaître des plaques blanchâtres qui en disaient long sur son état intérieur.

Tandis qu’il marchait, l’effort que demandait le contrôle de la haine qu’il ressentait toujours envers l’Elle arrogant et prétentieux se fit voir dans ses gestes qui devinrent presque désarticulés. Il donna alors l’impression que l’on avait devant soi, un pantin mécanique que l’on venait de remonter de tout son ressort tendu et qui lorsqu’on le posait sur le sol de bois, se détendait en bonds répétitifs. La puissance qu’il dégagea en marchant d’une manière si saccadée, si imprévisible, était telle, qu’il faillit cette fois-ci renverser une chaise inoccupée près d’une table encore garnie des restes d’un repas copieux...

Rougissant davantage alors qu'il approchait de la table qu'il partageait avec un inconnu et la jeune femme, il réalisa qu’il avait fait une piètre entrée dans la pièce. C'est ainsi qu'il tenta de prendre avantage de la situation grotesque dans laquelle il s’était encore empiéter…

L’Elfe aux longs cheveux blanc, portait fièrement à son oreille un anneau qui brillait sous la lumière discrète des lampes accrochées à leur support sur les murs. Il venait de lancer un avertissement sérieux à Sinistraë…

Fort de cet ultimatum spontané de la part de l’inconnu, il avança vers la table où ils étaient tous les trois assis…

Se penchant légèrement vers la jeune femme, il lui tendit les fleurs qui pendaient maintenant mollement à leurs tiges, en se présentant prestement…

- Nylarad le Troubadour de ces lieux, chère gente Dame… À votre service…

Tandis qu’il lui offrait le bouquet une sale abeille en quête de son butin sucré vint bourdonner à ses oreilles… Par de larges mouvements de la main il essaya de la chasser, mais en vain. Elle paraissait vouloir s’inviter tout comme lui…

- Prenez ses fleurs en gage de mon intention de vous rendre service en vous apportant mon aide si vous le désirez bien…

Tournant la tête, il balaya la salle d’un regard de curiosité, remarquant que certains convives les observaient. Satisfait de son impression, il fixa les deux hommes, pour finalement jeter un regard noir vers Sinistraë en s’attardant à ses yeux provocants. Il en profita pour faire un sourire complice à l’Elfe qu’il souhait mettre de son côté et attendit la réaction de la jeune femme…

Alors que Necromortis achevait le portrait de Sinistraë, à sa manière, Nylarad surgit à la table, présentant ses honneurs et ses fleurs à la prêtresse. Sinistraë avait bien surpris le trouble qu'il avait jeté dans l'esprit du troubadour et s'en amusait.

- Quelle débandade mon cher saltimbanque, si Sinistraë peut se le premettre. Mais va donc faire la cour à cette jeune demoiselle à laquelle tu souhaitais donner ces fleurs, qui je l'espère ne te représentent pas, flétries et abimées comme elles sont. Oh pardon, Il avait oublié que tu avais changé d'avis et venais ici proposer ton aide. Malgré tout, Il pense que les fleurs ne sont pas le meilleur moyen pour un aventurier pour faire valoir ses exploits guerriers. Quoique ce peut-être un bon moyen de se faire engager dans cette mission... Comme ramasseur de plante, puisqu'il faudra en rammasser...

Il découvrit ses canines dans un sourire méchant à l'encontre du troubadour aparament déconfit, et se tourna vers l'autre homme.

- Quant à toi, qui me nomme si familièrement par mon nom, malgré que notre intimité ne soit pas prouvée, Il trouve ton portrait de ma personne quelque peut réducteur, minimaliste et parfaitement subjectif. Permettez moi de le rectifier honnorable dame. Pour ce qui est de l'insolence, mot bien fort à mon idée, je l'expliquerait par le simple fait que je répond de tout mon être au ton de ceux qui me transmettent cette insolence, qui parfois n'est que leur simple présence. Je n'aurait pas, moi, la pédance de vous conseiller et me reporte à la sagesse qui se lit d'emblée sur vos traits. Je vous ferait seulement remarquer l'erreur dans laquelle cet autre homme s'est fourvoyé en me traitant de voleur ce que je ne suis absolument pas. Ce... métier est bien trop bas pour moi.

A ce mot, il adressa un regard explicite au troubadour.

- Mais cessons cette querelle puérile, et occupons-nous plutôt du problème qui nous occupe, et de la mission qui en incombe, plutôt que de nous tirer le portrait à tour de rôle. Madame, je suis à vous.